Ca se dissout

Dans la méditation formelle, les points durs et denses se dissolvent, s’évanouissent dans l’espace silencieux et accueillant de la conscience. En somme, dans l’espace bienveillant de la méditation, « ça se dissout », pour reprendre la formulation d’une participante à une journée de méditation.

Qu’est-ce qui se dissout ?

Les émotions,

les pensées,

les rancunes et les ressentiments,

les souvenirs sous-jacents qui nous mettent dans une relation de lutte avec le passé,

les peurs inconscientes qui nous font anticiper on ne sait quoi de redoutable ou de pénible,

le passé ou le futur, mais aussi nos attentes et notre relation exclusivement instrumentale au présent, bref la notion du temps,

la frontière entre les sons et soi,

ou entre les fourmis que nous regardons s’activer dans le jardin

ou la jonquille et le forsythia qui déploient leurs pétales jaunes d’or

et notre regard qui fusionne,

la frontière conceptuelle entre les choses auxquelles nous sommes attentifs et un « moi » qui perd son utilité de protection,

les contours du corps qui n’ont plus d’importance et peuvent s’évanouir dans l’espace conscient,

les sensations subtiles qui changent, se transforment sous notre regard attentionné,

des sensations denses qui s’allègent lorsque nous déposons les muscles lors des mouvements en pleine conscience…

 

La densité s’allège, se transforme et se dissout à chaque instant dans plus de clarté et de lucidité, dans ce que nous sommes fondamentalement.

La méditation est alors un retour à l’essence de la Vie.

Nous reconnaissons et abandonnons à chaque instant l’attente ou la réaction automatique conditionnée qui refuse le présent pour en faire ceci ou cela, puis à nouveau ceci ou cela (de toute façon, ce refus n’a pas de fin!),

Pour laisser la place à ce qui accueille et à l’expression de valeurs ultimes.

Tout se dissout et surgit à partir de notre essence où les frontières perdent leur utilité.

Toutes choses se forment et se dissolvent dans cette Grande Ouverture silencieuse, paisible et stable dévoilée par le processus méditatif.

Où tout est ainsi, tel que c’est. Et c’est toujours Ainsi.

Il suffit de se reposer complètement dans cette ouverture immuable et lucide et l’habiter consciemment.

Sans rien attendre. Sans rien vouloir obtenir. Sans aucune volition superflue qui nous détourne de l’Ainsité.

Juste s’assoir. Juste marcher. Juste bouger. Juste s’allonger. Ou juste faire ce que nous sommes en train de faire, quelle que soit la posture.

Simple.

Léger.

Sans mot.

Avec gratitude et humilité.

fd

%d blogueurs aiment cette page :