Reconnaître l’essence de l’esprit et continuer à « méditer »

Après avoir aperçu la nature ultime de la conscience, il n’est pas rare que les méditants qui la recherchaient arrêtent de méditer. Si la méditation consistait en une activité formelle pour « toucher » l’essence éveillée de l’esprit, elle n’a alors plus de raison d’être. Si la méditation n’était qu’une attention focalisée sur un objet, elle pourrait même détourner de la nature fondamentale de l’esprit.

Toutefois, une attention laissant toute la place à la pure présence peut être aussi une façon d’intégrer plus profondément les bienfaits de la présence naturelle dans le corps et le mental. La méditation est alors un facteur d’intégration. C’est ce que Mipham Namgyal appelle « ne pas perdre la continuité de la présence à la nature primordiale«  ou « préserver la méditation » dans ce très beau texte Dzogchen (bouddhisme tibétain) traduit par Matthieu Ricard. (Merci Marjaan)

La nature de l’esprit, instruction essentielle en trois points de Mipham Rinpotché (1846-1912)

Inexprimable est la simplicité naturelle de l’esprit,
Libre et vaste : par soi-même elle doit être reconnue.
Quand toute fabrication mentale, toute saisie
Et tout attachement s’efface naturellement
C’est ce que l’on appelle « reconnaître l’essence de l’esprit ».

Une fois libéré du filet des pensées,
Ne pas perdre la continuité de la présence à la nature primordiale,

Sans agir ni faire effort, ni rien vouloir,
Voilà ce que l’on appelle « préserver la méditation »

Quand les vagues des multiples pensées
Ne font plus, comme les nuages avec le ciel,
Ni bien ni mal à l’esprit, qui demeure serein,
C’est ce que l’on appelle « libérer l’esprit dans sa propre nature »

Ces trois instructions essentielles seront comprises
Par les méditants qui cultivent l’expérience intérieure,
Mais resteront hermétiques aux intellectuels bavards.

Rédigé par Mipham Namgyal.
Extrait de « Chemins spirituels. Petite anthologie des plus beaux textes tibétains » par Matthieu Ricard (III.1 Comprendre la nature de l’esprit) Ed. Pocket

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