Témoignage sur la récupération d’un burnout par la méditation de pleine conscience

S. est médecin et m’écrit pour me faire part des effets positifs d’un stage de méditation de pleine conscience (retraite de mai 2019 dans le Limousin) sur un burn-out très sévère, avec un déficit immunitaire. Merci à elle pour son témoignage détaillé ci-dessous :

Une semaine après le stage

« Fin 2016, après une septicémie, ma vie a complètement changé. Je vous passe les errances diagnostiques et thérapeutiques. Finalement mes collègues sont tombés d’accord sur le diagnostic de burn-out très sévère, avec un déficit immunitaire. Pour faire court malgré la longueur de l’histoire, la situation n’avait encore évolué que de façon très médiocre jusqu’au début de votre stage. (techniquement: J’avais et j’ai encore un traitement hormonal substitutif lourd car mon hypothalamus et mon hypophyse ne fonctionnent que partiellement. Je présentais des troubles cognitifs majeurs qui venaient d’être réévalués avant mon séjour en France, pour exclure une démence débutante. L’EEG avec cartographie cérébrale restait pathologique et un PET scan cérébral au glucose marqué, tout récent, montrait des zones d’hypométabolisme  frontales et temporales bilatéralement).

Depuis le stage, la situation s’est nettement améliorée et il ne s’agit pas d’un effet placebo ou autre…Je m’éveille beaucoup plus tôt qu’avant avec une impression de fraîcheur que j’avais oubliée. J’ai beaucoup plus d’énergie, de clarté d’esprit, j’ai quitté le stade de lecture en boucle du catalogue IKEA pour commencer un roman sans en perdre le fil, ma table de cuisine n’est plus encombrée de post it pour ne pas oublier, je suis capable de dire ce que j’ai comme RV demain (et hier car me situer dans le temps était un gros problème et m’obligeait à répéter en boucle ce que je ne pouvais pas oublier),  je panique moins et je parviens à prendre un peu de hauteur vis-à-vis des problèmes auxquels je dois faire front, mes réactions émotionnelles sont moins disproportionnées par rapport à l’importance des événements. C’est peut-être difficile à croire mais c’est vraiment très net comme avancée.

Même si mes progrès devaient s’arrêter là, Fabien, je tiens à vous remercier pour votre présence, votre empathie et votre pédagogie. Ma vie est devenue vivable, vraiment. »

Trois mois après le stage

« Presque trois mois se sont écoulés depuis que j’ai assisté à votre stage dans le Limousin. J’ai attendu d’être certaine de ce que j’allais vous écrire, certaine pour vous, pour moi, et peut-être pour d’autres personnes concernées par un burnout, sévère ou pas.

Votre stage a été un moment difficile mais j’ai tenu bon, comme je vous l’ai écrit, mue par la certitude que la médecine classique ne pouvait plus rien pour moi, et par le souvenir que j’avais d’expériences de méditation datant de plusieurs années. J’ai poursuivi mes efforts quasi quotidiennement depuis lors et je suis allée faire un stage d’été de 5 jours de « calme mental » chez les bouddhistes il y a un mois, mais je peux vous assurer qu’il y a vraiment un « avant » et un « après » votre stage de pleine conscience.

Je suis tout sauf une « allumée » en quête de je ne sais quelle expérience métaphysique à la mode, et je suis désolée qu’en matière de burnout on mette dans un grand sac tout et n’importe quoi, ce qui retarde les recherches . Dans mon cas, n’en déplaise aux incrédules que je croise, les anomalies de fonctionnement cérébral n’étaient pas seulement ressenties, mais documentées et se traduisaient également par des anomalies endocrinologiques.

Fabien, je vous confirme que tout s’est amélioré en même temps après le stage et que les résultats persistent : les troubles cognitifs incluant la ou les mémoires, l’orientation dans le temps, la capacité d’abstraction, la résistance au stress et plus largement, la gestion des émotions, la fatigabilité, la sensation de vigilance, la concentration… et même l’endurance physique.

J’ai recommencé à lire alors que c’était impossible depuis deux ans et demi. Je perdais le fil, ce qui était très handicapant pour une intellectuelle comme moi. En fait, tous les progrès sont liés et sont survenus simultanément. Il n’y a pas une personne de mon entourage qui ne l’ait remarqué. Certes, tout n’est pas parfait, la mémoire a encore quelques « ratés » et le calcul mental n’est pas encore au point . Il faut dire qu’au début de la maladie, j’avais tout oublié jusqu’aux tables de multiplication. Néanmoins, la situation n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était et ma vie est devenue très « vivable ».

J’oserais même dire que mes séances de méditation m’aident à prendre du recul par rapport au stress du quotidien, ce qui me rend plus sereine, alors que les soucis extérieurs n’ont pas changé.

Je diminue aussi progressivement mon traitement hormonal de substitution par hydrocortisone, sans souci pour le moment et avec une prise de sang qui reste correcte. Et je ne prends pas de psychotropes. Ils ne me convenaient pas, après plusieurs essais.

Mon expérience n’est évidemment qu’une expérience, et pourra toujours être discutée par les sceptiques. Mais je suis persuadée à la lumière de ce que j’ai vécu et de ce que je vis, que d’autres personnes que moi pourraient être aidées par les techniques bien menées de pleine conscience, très probablement en améliorant leur fonctionnement cérébral. Je ne comprends pas pourquoi certains de mes collègues, car je suis moi aussi médecin « allopathe pure et dure » !,s’obstinent à nier les résultats de la méditation alors que le phénomène de plasticité cérébrale est quelque chose de bien connu, et que la compréhension du fonctionnement de notre cerveau n’en n’est qu’à ses balbutiements. Cette fermeture d’esprit est regrettable car cette maladie dont je me serais bien passée, est vraiment intéressante sur le plan scientifique.

En ce qui me concerne, l’avenir me dira jusqu’où iront mes progrès mais je me réjouis déjà de la situation présente. Le pire est passé.

Au plaisir sincère de vous revoir. Merci.

S. »

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