Au-delà de la polarité plaisir / déplaisir : la fraîcheur du présent

Dans l’ouverture à l’instant présent, notre attention se libère de fixations sur le contenu de l’expérience. Le plaisir et le déplaisir perdent leur importance. Nous ne nous situons plus dans un mode « faire » sans fin qui consisterait à augmenter le plaisir et à diminuer le déplaisir dans l’instant. Il n’y a plus de volonté de manipuler l’instant présent pour qu’il nous apporte une satisfaction. Le moment présent n’est plus un moyen d’obtenir une satisfaction. Il est vécu pleinement en lui-même, sans but, sans futur, sans après.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de plaisir ou de déplaisir. Mais notre relation au plaisir est plus apaisée car nous ne l’attendons pas. Il vient comme un cadeau complètement gratuit et repart sans nous laisser frustré.

Il ne s’agit pas non plus, par opposition à la polarité agréable/désagréable, de vouloir un affect neutre, pour neutraliser notre relation au moment présent, ce qui nous ferait repasser dans un mode « faire ». Notre relation au moment présent serait alors une lutte pour tout contrôler, interdire les expériences agréables, les effacer ou les minimiser, pour éviter la frustration, la dépendance ou le manque. Non, l’agréable, le désagréable, le neutre ont complètement le droit d’apparaître naturellement et sont reconnus. Mais ils n’enferment plus notre relation au présent qui est du coup plus lucide, moins tendue, plus apaisée, plus ouverte. Ce non-attachement de l’esprit où tout coule n’est pas une volonté mais une relation complètement ouverte au fait d’être conscient.

Nous pouvons reconnaître si l’attention est polarisée en se posant la question : « Qu’est-ce qui manque là maintenant ? »

Si nous détectons un sentiment de manque, nous pouvons alors relâcher toute attente par rapport au présent, tout en étant à l’écoute des besoins du corps, en faisant ce qui est important, et simplement être ouvert, bienheureux, pleinement au contact de la Vie, avec plus de fluidité et de légèreté.

Nous ne sommes alors plus dans une attention polarisée et fixée mais dans une attention qui se détend dans le simple fait d’être conscient. Le corps et le mental aussi peuvent se relâcher naturellement dans cette ouverture, sans après.

Nous redevenons la conscience accueillante et ouverte, inconditionnée, qui est la base de toute notre expérience.

A vrai dire, nous l’avons toujours été ! Dire « redevenir » se situe au niveau du sentiment vécu, mais ce dont nous parlons ici est justement au-delà de tous les sentiments ! Ce n’est pas un contenu de l’expérience. C’est avant tout contenu, et après tout contenu, et pendant tout contenu. C’est ce qui demeure quand tout passe. C’est là, tout le temps ! C’est ce que nous sommes.

C’est la présence naturelle de l’expérience. La qualité vivante du maintenant… Ce qui donne cette qualité de réel au moment présent, et qui n’est pas mental et relatif. Pourquoi le chant d’oiseau que j’entends est réel ? Parce qu’il y a ce constat indubitable d’être. Bienvenue dans la Réalité d’être !

fd

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