Thérapie comportementale Vipassana ou pleine conscience du trouble obsessionnel-compulsif (TOC)

Une étude de cas d’un journal de psychologie scientifique chinois a étudié l’effet, en séances individuelles, de l’apprentissage d’une méthode de méditation de pleine conscience ou vipassana selon les méthodes Goenka et Mahasi, associé aux techniques d’exposition des TCC. Le résultat de cette thérapie est efficace pour ce patient et l’effet demeure 3 mois après. C’est évidemment une étude de cas qui ne peut être généralisée mais elle éveille la curiosité sur  l’introduction de la pleine conscience avant et pendant l’exposition. Il est dommage toutefois que la mesure de résultat n’ait pas eu lieu juste après l’apprentissage de la pleine conscience / vipassana pour distinguer un effet de l’exposition elle-même dans le résultat final. Il s’agit également d’un TOC léger, ce qui est rarement le cas des personnes en grande détresse qui viennent consulter lorsque leur TOC devient handicapant.

Thérapie comportementale Vipassana du trouble obsessionnel-compulsif : Une étude de cas (Dong, 2011)

1. Procédure de traitement

Au cours des six semaines précédant le début du traitement, le patient a passé le Y-BOCS et le SCL-90 toutes les deux semaines, ce qui a permis d’obtenir trois mesures de référence.
1. Une séance de traitement a été effectuée au cours de la première semaine, et la pratique de Vipassana a été effectuée une fois par semaine au cours des 8 semaines suivantes. (2 mois)
2. Au cours des 3 dernières semaines, des séances ont été organisées 5 fois par semaine, axées sur l’exposition à Vipassana et la prévention des réactions.
3. Les 24 séances ont été effectuées en 12 semaines (3 mois). Le patient n’a pas reçu d’autres formes de traitement pendant cette période.

1.1. Psychoéducation et introduction au traitement (session 1)
La psychoéducation a consisté à évaluer la force des croyances du patient et à lui expliquer les principes et les procédures de la thérapie comportementale Vipassana (VPT). On a également appris au patient à utiliser l’échelle des unités subjectives de détresse (SUDS) ainsi qu’à établir une hiérarchie d’exposition. En guise de devoir, on a demandé au patient de noter avec précision ses symptômes de TOC.

1.2. Pratique de Vipassana (Sessions 2-9)
La pratique de Vipassana comprenait 8 leçons, qui portaient sur les points suivants
1) la respiration Vipassana, 2) la concentration sur la zone au-dessus de la lèvre supérieure,
3) le balayage corporel,
4) l’observation des émotions,
5) l’observation des pensées (y compris la répétition et l’étiquetage des pensées),
6) l’observation des impulsions/urgences, et
7) l’observation de la vie quotidienne.
Ces 8 leçons visaient à développer la pleine conscience du patient, sa capacité à être en paix avec ses émotions, son jugement objectif et sa capacité de raisonnement déductif. Des séances d’une heure ont eu lieu une fois par semaine pendant ces 8 semaines. Au cours de chaque séance, le thérapeute enseignait au patient une technique Vipassana et la pratiquait avec lui pendant une demi-heure. Ensuite, ils discutaient des sentiments du patient à propos de la séance. Le thérapeute répondait également aux questions du patient. Les devoirs consistaient à mettre en pratique chaque jour les techniques apprises en séance. Entre les séances, le patient était invité à écouter un enregistrement réalisé par l’auteur sur Vipassana et les TOC. À partir de la troisième séance, le patient a appris à appliquer à ses symptômes de TOC ce qu’il avait appris en thérapie et a commencé à mettre en pratique les techniques.

1.3. Exposition Vipassana et prévention de la réponse (Sessions 10-24)
La pratique de l’exposition Vipassana a commencé à partir de la 10e session. Cette étape a été considérée comme la période de traitement intense, avec 5 séances par semaine pendant trois semaines. L’exposition était conduite selon la hiérarchie d’exposition du patient, et les compulsions étaient strictement interdites pendant les expositions. La pratique de l’exposition commençait par des événements enregistrant au moins 40 points sur le SUDS. Les devoirs consistaient à répéter chaque jour le contenu pratiqué en séance après le traitement.

Pendant l’une des séances d’exposition, l’auteur a demandé au patient d’appliquer Vipassana à une pensée qui lui causait de l’anxiété, de sorte que le patient prenne conscience de la pensée, la répète et l’étiquette, et reconnaisse qu’elle fait partie du TOC.

Le but de l’exercice était de faire la différence entre la pensée et la réalité, de traiter la pensée comme un événement psychologique se produisant dans l’esprit et non comme un véritable reflet de la réalité objective.

2. Résultats du traitement
Le patient a montré une grande amélioration à la fin du traitement. La fréquence des obsessions et le temps consacré aux compulsions ont diminué de manière significative. La conscience de soi a augmenté de manière significative. Le fonctionnement est revenu à la normale. Au cours des trois mois suivants, le patient a maintenu ce niveau d’amélioration et a continué à pratiquer Vipassana. Ses scores Y-BOCS avant et après le traitement sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Temps Obsessions Compulsions Total
Pré-traitement 18 16 34 (scores stables 2, 4 et 6 semaines avant la thérapie)
Post-traitement 5 4 9
Suivi à 3 mois 5 4 9

(soit 72,73% de réduction de symptômes (1-(9/33))

Source en chinois : http://caod.oriprobe.com/articles/27807182/Vipassana_Behavioral_Therapy_of_Obsessive_compulsive_Disorder_A_Case_S.htm

Chinese Journal of Clinical Psychology
1005-3611
2011 Issue 5

%d blogueurs aiment cette page :