Méditation et psychologie basée sur un « moi » : un contresens

Avec le développement de la méditation dans la société, la méditation est parfois vue comme un outil pour que le « moi » se débarrasse des choses douloureuses en nous.

Or, dans la vraie méditation, il n’y a plus de moi ou de volonté de se débarrasser de quoi que ce soit. L’acceptation radicale de la réalité présente ne provient pas d’un point de référence, un « moi », qui devrait se résigner et accepter la présence d’une douleur ou de quelque chose. Elle est plus une ouverture qui arrive lorsque il n’y a plus personne pour rentrer en opposition et résister à une perception, un sentiment ou une sensation… L’accueil profond ne provient pas du mental ou d’une qualité personnelle.

Aussi peut-il y avoir des malentendus si la méditation repose sur une psychologie classique basée sur l’idée d’un moi à comprendre pour le rafistoler ou l’améliorer.

Dans l’approche originelle de la méditation, le sentiment de soi se dissout et tous les problèmes qui l’accompagnent

Dans l’approche ultime de la méditation, le moi se dissout et tous les problèmes qui viennent avec. On voit qu’il n’est qu’une construction momentanée maintenue par le mental. Dans cette dissolution du moi, nous ressentons le vrai goût de la liberté de tous les problèmes provenant de la protection du sentiment de soi. Cela peut être accompagné d’un grand relâchement, d’un sentiment de libération… et parfois d’un grand rire de s’être fait tromper par ce tour de magie pendant de si longues années !

Il ne reste que des identifications fonctionnelles momentanées au corps et au mental. Cela n’obscurcit pas notre vraie identité qui se révèle au-delà des définitions de soi nécessairement réductrices. Il n’y a alors plus de résistance. Seulement ouverture. Toutes les approches qui renforcent un sentiment de soi limité paraissent alors complètement illusoires, sans intérêt et finalement productrices de souffrance.

La méditation ne cherche pas à construire une meilleure image de soi (même si cette image est souvent améliorée implicitement par l’abandon de tous les processus mentaux de dévalorisation). Elle ne rentre pas dans ce jeu qui solidifie et alimente les problèmes de jugement sur « soi », ou sur les « autres » par rapport à un « moi ». Les mécanismes de construction du sentiment de soi sont analysés, vus, déconstruits. Cela permet de les comprendre sans se laisser prendre au jeu douloureux de l’ego. L’image est vue comme une image. Un sentiment comme un sentiment. Les pensées comme des pensées, et non comme la réalité ou soi-même.

Expérience

Dans l’image ci-dessus, le concept « moi » apparaît. Ce « moi » est de différentes couleurs et est limité pas les contours des lettres. Mais sur quoi ce moi limité apparaît-il ? N’apparaît -il pas sur un vaste écran vierge, où tout peut s’écrire ? N’apparaît-il pas sur un espace sans forme, mais bien présent, où tout peut potentiellement apparaître et disparaître ? N’êtes-vous pas fondamentalement cette potentialité sans limite qui est au contact de toutes ces formes de « moi » sans s’y réduire ? Ne pouvez-vous pas vous détendre dans cette absence reposante et libératrice d’un « moi » ?

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