Le temple de la méditation

Un ami participant à la dernière retraite de méditation d’approfondissement m’a communiqué son texte sur son expérience méditative qu’il m’a permis de publier. Il partage ses moments permettant de dé-couvrir l’évidence. Merci !

 

« Le stage de groupe du printemps 2018 au «Domaine du Fan » avec Fabien a été pour moi un moment d’approfondissement de tout ce qui se met en place lors de la méditation formelle au moment où tinte la clochette et où commence un  temps de méditation assise silencieuse.

Je ne rapporte ici que mon ressenti personnel sans idée de « moyen » ou de « technique » pour méditer. Pour moi c’est à chaque fois plonger les mains avec enchantement dans une source toujours fraiche et renouvelée.

 

Si je m’en tiens aux mots : « posture de méditation» je constate d’abord que le corps est bien présent dans la méditation car inclus dans le terme « posture ».

Est-ce que je médite grâce au corps ? avec le corps? à travers le corps ? Le mot qui me semble le plus juste est par le corps.

C’est bien par le corps que passent toutes les sensations présentes, si riches, si multiples et si enchevêtrées. Par le corps je peux poser sur elles une attention soutenue, et en même temps détachée de commentaire. La contemplation me permet de garder le fil de l’observation instant après instant, soutenue par l’émerveillement d’être alors à la juste place.

 

Dans le silence mon corps perçoit d’abord les bruits : Chaque son et tous les sons à la fois. Étonnement de constater que l’écoute ne discrimine rien et perçoit tout: Du très proche au plus lointain, depuis le très discret flux sanguin qui pulse dans la tête, les battements du cœur dans la qualité du silence, jusqu’au chien qui aboie au loin.

Tout surgit, occupe l’espace puis passe ou persiste un moment et s’en va….

Au fil de la méditation il apparait alors que l’écoute est Pur Accueil.

 

J’ouvre les yeux : Soudain le monde est là et englobe même celui (ou « ce ») qui regarde. Un regard détaché et neuf soutient l’observation ouverte, sans intention, détachée et bienveillante.

Je perçois d’abord le sol de la pièce devant moi, puis le cercle des autres méditants, quelques objets, les murs de la salle, puis la nuit noire ou bien le ciel ou les arbres à travers la fenêtre d’en face.  Le monde proche et infini est là, instant après instant.

Le regard est alors Ouverture Totale.

 

A travers la bonne posture du corps, celle qui me convient en confort et verticalité, j’ai la sensation d’un sac de toile rempli de sable et posé là bien droit : chacun des  grains est appuyé sur les autres dans un parfait équilibre des forces contraires qui annule la sensation même de contrainte : Juste équilibre entre le poids du sac, le désir naturel d’écoulement du sable et la solidité du tissu qui le contient.

Le tout est animé d’un très léger balancement : le très fin mouvement vibratoire du vivant, tout en gardant (c’est paradoxal) une belle immobilité instant après instant.

Je perçois l’assise et le contact du coussin, les pieds sur le sol, l’air tout autour de moi… Je goûte et apprécie ces sensations qui durent et j’accueille toutes les perceptions physiques qui surviennent ou que je découvre par le «scan corporel ».

Je suis très sensible aussi à la position de mes mains posées l’une sur l’autre, paumes vers le ciel, main droite contenue dans la main gauche, et par la qualité de ce contact: fraicheur, légèreté, détente, confiance, immobilité.

Dans le toucher, la posture et le ressenti de tout le corps, je perçois alors qu’il y a là un don et un cadeau à la fois, que donner est inséparable de recevoir.

Toucher et être touché, c’est pleinement Donner et Recevoir.

 

Précieux aussi ont été les temps de repas pris ensembles tous les jours en silence.  Ils s’accompagnent d’une richesse et d’une explosion de gouts, parfums, textures, combinaisons infinies multiples, renouvelées seconde après seconde …

Je trouve très émouvants et véridiques  ces moments de présence silencieuse en groupe à table. Sans artifices ni contraintes, sans bonnes ou mauvaises manières  de manger ensemble, le silence amène à la plus grande politesse et justesse des uns avec les autres.

Sentir et gouter c’est Partager.

 

J’ai aussi beaucoup ressenti la qualité d’immobilité du corps. Au-delà du va et vient de la respiration ou de la très fine vibration de la vie, l’immobilité devient très présente comme une sensation qui préexiste à toutes les autres et qui persiste. Je pourrais la décrire physiquement : étendue, poids, matière, densité, force… Ce ressenti demeure bien au-delà des temps de méditation formelle, comme une qualité d’Etre. L’immobilité est immuable et préexiste à tout. Je ne fais que la rejoindre, la retrouver par une expérience d’immobilité corporelle.

 

Le corps est bien toujours là lors de la méditation, mais rapidement sa présence s’estompe et il est englobé dans une réalité infiniment plus vaste auquel il participe sans être individualisé comme réalité à part.

Il est une merveilleuse construction qui ressent et éprouve, voit, entends, perçoit, goûte, sent, touche, pense, désire et rejette.

Est-il le centre d’où émanent Ouverture, Accueil sans attente, Partage sans condition, Don pur ? Puis je situer ces qualités dans une zone ou espace du corps ? Assurément non.

C’est  dans la contemplation et l’immobilité immuable que le perçois une réalité qui me dépasse et que je reconnais comme un mystère.

« Face à l’immensité du mystère, notre raison d’être est l’enchantement »

Pierre Rabhi. La puissance de la modération.

Ce corps m’apparait alors comme le lieu unique, merveilleux et nécessaire de la méditation.

Le corps comme TEMPLE de la méditation.

 

J’ai eu l’occasion de faire, au cours du séminaire, de vraies découvertes à la fois simples et directes. C’est comme des évidences qui sautent aux yeux tout à coup dans la détente de l’attention, sans volonté de trouver des vérités que j’aurais imaginé ou anticipé par connaissance livresque ou autre.

Le mot découverte prend ici son sens plein : Non pas inventer, créer, élaborer, mais Dé-couvrir, c’est-à-dire retirer ce qui couvre, cache ou voile (dé-voiler )

Dé-couvrir c’est laisser être.

Marjaan

Juin 2018″

 

 

 

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