Méditer pour dompter la douleur ?

« Parmi les régions cérébrales que la méditation préserve du vieillissement mises en lumière par l’étude parue dans « Scientific Reports » (voir La méditation aide à mieux vieillir) se trouve l’insula, structure longtemps restée méconnue du fait de son enfouissement dans les replis du cortex. « L’insula est étroitement impliquée dans les processus émotionnels et leur régulation », explique Gaël Chételat. On sait aussi qu’elle joue un rôle clef dans la perception de la douleur.

Spécialiste mondialement reconnu des effets de la méditation sur le cerveau, le chercheur américain Richard Davidson de l’université du Wisconsin, à Madison, a fait à cet égard une découverte étonnante. Quand nous savons que nous allons être confrontés à une expérience physiquement douloureuse, une grande partie de la souffrance que nous ressentons alors ne provient pas de cette douleur elle-même mais de son anticipation. Celle-ci active un maillage de neurones distribués dans tout le cerveau et appelé pour cette raison « matrice de la douleur ».

C’est du moins ce que l’on constate par imagerie chez des sujets à qui l’on déclare, une dizaine de secondes avant qu’elle se produise, qu’on va leur infliger une légère brûlure au poignet. Mais ce phénomène ne se produit plus (ou du moins plus du tout avec la même intensité) si ces sujets ont une pratique régulière de la méditation. La matrice de la douleur ne s’active pas avant la sensation douloureuse et se désactive beaucoup plus vite après (mais, pendant le bref laps de temps que dure la sensation, la douleur est plus vivement ressentie par eux). Conclusion : la méditation, si elle n’efface pas la douleur, en change profondément notre perception mentale et la remet, en quelque sorte, à sa place. »

Yann Verdo, Les Echos, Lundi 18 décembre 2017

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