Les 5 étapes du changement de comportements ou d’habitudes (Prochaska et DiClemente)

Changer de comportement ou d’habitude n’est pas toujours simple. Le niveau de motivation à changer est crucial. Selon les psychologues Prochaska et DiClemente et leurs observations de patients fumeurs (1982,1988,1992), le changement intentionnel de comportement problématique a souvent lieu en 5 étapes, qui ne sont pas linéaires:

1. Pré-contemplation. « Je n’ai pas de problème » (Déni)

Pas de conscience du problème ou conscience très partielle et forte minimisation. Focalisation des perceptions sur les bénéfices associés aux comportements habituels. Pas d’intention de changement. Face à une attitude de persuasion ou d’argumentation : résistances à reconnaître (déni) et/ou à modifier le comportement problématique. C’est comme lui demander de quitter son meilleur ami. « J’ai des petites manies mais qui n’en a pas ». « Je bois/fume comme tout le monde, j’arrête quand je veux ».

2. Contemplation. « Il y a un problème mais… » (Ambivalence)

Prise de conscience du problème : la personne reconnaît qu’elle a un problème mais il est attribué souvent à l’extérieur (la situation, le contexte…). Ambivalence: oscillation entre les avantages et les inconvénients du comportement problématique, dilemme entre les arguments en faveur d’un maintien et arguments en faveur d’une modification du comportement. (indétermination mais intention) « il faudrait que j’arrête de fumer MAIS j’ai peur de prendre du poids  ».
– Début d’intention de changement : envisage de modifier son comportement dans les 6 prochains mois.
– Tentatives sporadiques de diminution des conséquences néfastes (éviter ou réduire les inconvénients du comportement tout en conservant les avantages) : produits light, boire en cachette…

3. Décision et préparation à l’action. « Oui, il faut que ça change »

Focalisation sur tous les inconvénients des comportements inadaptés et sur la nécessité de changer. Intention de changement. Planification, recherche d’informations (sur internet ou ailleurs), contacts et recherche d’aide extérieure. « j’en ai assez, je suis trop mal, c’est décidé, je fais une thérapie TCC la semaine prochaine et j’arrête tout ça ».
Intention de changement et planification dans un futur proche (30 jours).
Petits changements de comportement (réduction).

4. Action engagée. « Je fais quelque chose pour que cela change »

Mise en acte de l’intention. Changer est l’objectif prioritaire. Période propice pour la thérapie et le changement de comportements. « J’ai arrêté de boire depuis une semaine » « cela fait 2 mois que je n’ai pas eu de comportement violent avec ma femme ». Changement effectif et important du comportement, des expériences et/ou de l’environnement durant les 6 derniers mois.

5. Consolidation, maintien des acquis

Ancrage et généralisation des apprentissages à des situations plus complexes, automatisation. « J’ai arrêté de fumer depuis plus de 6 mois ». Nouvelles habitudes de vie et nouveaux automatismes.

Les auteurs ajoutent la phase de Rechute éventuelle. La rechute est une évolution possible à chaque étape du parcours de changement. On revient à une phase antérieure (modèle cyclique). Cette rechute a une valeur d’expérience et permet de réévaluer l’adaptation des stratégies de changement. Repasser en phase d’action (4)  augmente la probabilité de réussite du changement durable de comportement.

Chaque étape peut correspondre à des interventions thérapeutiques adaptées

Pour les thérapeutes, ce modèle devenu un classique en psychothérapie suggère qu’il n’y a pas forcément à attendre que la personne soit déjà motivée. Elle peut toujours être en phase 2 ou même en phase 1 sur certains sujets. Chaque étape peut correspondre à des interventions thérapeutiques adaptées

  • dans un premier temps de sensibilisation, d’information, de confrontation, de prises de perspectives interpersonnelles ou dans le temps, de clarification de valeurs, de défusion de cognitions (attentes, croyances…), d’encouragements, …
  • puis d’exercices plus pratiques (à partir de la phase 3 de décision), d’apprentissages par l’expérience et de révisions des stratégies possibles et adaptées.

L’entretien motivationnel ou l’approche motivationnelle pour les phases 1 et 2

Aussi, avant d’utiliser les outils de changement des TCC, une approche souvent utilisée dans les phases 1 et 2 est celle de « l’entretien motivationnel » de Miller et Rollnick :

L’entretien motivationnel – Aider la personne à engager le changement – 2e éd. 2013 de William R. Miller, Stephen Rollnick

Pratique de l’entretien motivationnel: Communiquer avec le patient en consultation – 2009 de Stephen Rollnick, William R. Miller, Christopher Butler

Cela existe aussi pour les adolescents et les jeunes adultes : L’entretien motivationnel avec les adolescents et les jeunes adultes – de Sylvie Naar-King, Mariann Suarez, 2011

et en groupe : Pratique de l’entretien motivationnel en groupe – de Christophe C. Wagner, Karen S. Ingersoll,  2015

%d blogueurs aiment cette page :